Comment la scène gastronomique de Doha est passée des buffets d’hôtel à une excellence de créativité qatarie et internationale… Loin de la Coupe du monde de la FIFA et des nouveaux stades rutilants, il existe une autre raison de visiter le pays : la scène gastronomique de Doha, qu’elle soit nouvelle ou ancienne.
L’effervescence qui entoure la Coupe du monde de la FIFA a récemment placé le Qatar sous les feux de la rampe. Mais les meilleurs restaurants de Doha attirent leur propre attention, loin du sport, des nouveaux stades et des musées. La scène gastronomique en plein essor de la ville commence à offrir à ses rivaux régionaux une concurrence amicale qui leur est propre. Les nouveaux hôtels ont amené avec eux des restaurants de renom, mais il y a aussi un grand nombre d’indépendants innovants, ainsi que des chefs locaux talentueux qui mettent la cuisine qatarie sous les feux de la rampe. Tout cela fait de la scène gastronomique de la capitale qatarie la plus passionnante à ce jour. Voici les meilleurs restaurants de Doha, qu’il s’agisse de plats d’inspiration internationale, de piliers du Moyen-Orient ou d’étapes de circuits gastronomiques.
Tous les établissements présentés dans cet article sont sélectionnés de manière indépendante.
Faites un food tour à Doha
Les visites à pied de trois heures d’Embrace Doha, menées par des guides qataris et des résidents de longue date, offrent une véritable immersion dans la cuisine de rue qatarie, avec dix arrêts différents dans le bazar central de la capitale, Souq Waqif. Du thé karak épicé au pain fraîchement cuit, en passant par le balaleet (vermicelle sucré parfumé au safran), les machboos (un aliment de base local, similaire au biryani) et bien d’autres choses encore, c’est non seulement une introduction à la variété des saveurs locales, mais aussi un excellent moyen de rencontrer certaines des personnes – dont la plupart sont des femmes – qui se cachent derrière la culture de la cuisine de rue de Doha.
Pour commencer la matinée de manière détendue, Bayt Sharq est difficile à battre. Restaurant qatari installé dans une maison centenaire, Bayt Sharq possède son propre petit musée et une cour tentaculaire avec des alcôves remplies de bibelots vintage, de dattiers ombragés, de voitures classiques et de chants d’oiseaux. Les plateaux de petit-déjeuner sont généreusement garnis de falafels, de foul (ragoût de haricots), de shakshouka, de foie d’agneau, de pains frais et de pâtisseries, d’huile d’olive et de zaatar, et de halwa sucré.
Pour un repas rapide et plus décontracté, Shay Al Shomous, en bordure du Souq Waqif, est tenu par Shams Al Qassabi, la première femme à avoir ouvert une boutique d’épices dans le souq, un commerce généralement dominé par les hommes. Rendez-vous sur la terrasse ensoleillée pour déguster des crêpes regag et des pains saj fourrés aux œufs, au fromage, au thym ou au miel, le tout arrosé d’un thé au lait et à la cardamome. À l’intérieur, les étagères sont remplies de bocaux de mélanges d’épices signés Al Qassabi, avec des mélanges pour biryanis, bouillons et autres.
À Msheireb Downtown, un nouveau quartier élégant situé à quelques pas du Souq Waqif et abritant un mélange impressionnant de cafés, de musées et de boutiques, une autre femme chef met la cuisine qatarie à l’honneur. Sheikha Ahmed Al Meer dirige la cuisine du Saasna, qui propose des versions contemporaines des plats traditionnels qataris, comme le poisson barnioush au sucre caramélisé et aux oignons frits, et le poulet fumé parfumé au riz et aux graines de cumin.
Perché au quatrième étage du Musée national du Qatar, conçu par Jean Nouvel, se trouve le Jiwan d’Alain Ducasse. L’intérieur scintille grâce aux quatre millions de perles de cristal Swarovski nacrées suspendues au plafond, un clin d’œil au patrimoine perlier du Qatar. La carte du restaurant Jiwan s’inspire des plats classiques qataris, agrémentés d’une touche de style français. Parmi les combinaisons de saveurs surprenantes, citons le poulet kibbeh à l’abricot, l’épaule d’agneau confite à la menthe et au fenouil, et les desserts associant rhubarbe, fraise et labneh, et pomme caramélisée au fromage de chèvre et au loomi (citron vert noir).
La restauration dans les hôtels
Même avant la ruée vers les hôtels de la Coupe du monde de la FIFA, la ligne d’horizon de Doha s’est hérissée d’imposantes propriétés de luxe, et c’est à l’intérieur de celles-ci que vous trouverez la plupart des meilleurs restaurants de Doha. La raison principale ? Comme dans d’autres centres du Moyen-Orient, l’alcool est largement limité aux hôtels du Qatar. Si vous souhaitez accompagner votre repas d’une boisson pour adultes, les restaurants des hôtels sont souvent la seule solution.
Lorsque Rachel Morris, écrivain culinaire et résidente de Doha depuis 16 ans, est arrivée au Qatar, la scène gastronomique était loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Auteur du site web Life on the Wedge, un bon endroit pour que tout visiteur du Qatar puisse se faire une idée de ce qu’il ne faut pas manquer, elle fait la chronique de la scène gastronomique de Doha, y compris des anciens fidèles et des nouveaux venus. « Lorsque je suis arrivée au Qatar, nous avions quelques hôtels cinq étoiles avec des buffets génériques et des restaurants italiens, arabes et asiatiques », explique-t-elle. « Aujourd’hui, vous pouvez dîner autour du monde en une journée à Doha. Nous avons près d’une douzaine de restaurants sud-américains, un grand nombre de restaurants coréens et une scène de cafés et de cafés spécialisés très dynamique », ajoute Mme Morris.
La cuisine sud-américaine semble en effet avoir la cote en ce moment à Doha. À l’hôtel Four Seasons de West Bay, le dernier projet de Jean-George Vongerichten dans la ville – Curiosa – vient d’ouvrir, avec le chef péruvien Edgar Hurtado qui prépare des empanadas, des anticuchos et autres dans une cuisine ouverte. À l’hôtel InterContinental, situé en bord de mer, la cuisine péruvienne de Gaston Acurio à La Mar est toujours aussi populaire et peut désormais être dégustée depuis une cabine privée dans le nouveau La Mar Beach lounge. Et Sushisamba vient d’ouvrir le premier club de plage de la marque, apportant son mélange d’esprit de fête et de saveurs latino-américaines au nouvel hôtel Waldorf Astoria Lusail.
De nouveaux arrivants se profilent également à l’horizon dans les hôtels Raffles et Fairmont qui ouvriront bientôt, chacun occupant un côté des Katara Towers de Lusail, qui ressemblent à un croissant. Au Raffles, l’Alba du chef Enrico Crippa, trois étoiles au guide Michelin, fait parler de lui en promettant des légumes et des fleurs provenant de la serre du restaurant, des découpes de viande théâtrales et, bien sûr, beaucoup de truffe. Et au Fairmont, le Masala Library de Jiggs Kalra propose des menus dégustation indiens contemporains qui traversent également les traditions culinaires du Bangladesh, du Bhoutan, du Sri Lanka et des Maldives.
Les restaurants indépendants
Pour observer les gens à Doha, rendez-vous à l’une des tables extérieures du Damasca One. Située dans un coin atmosphérique du souk Waqif, la cuisine syrienne décontractée y est de premier ordre – des mezze mémorables comme les saucisses d’agneau makanek à la mélasse de grenade et les makdous d’aubergine farcis aux noix et au piment obtiennent la note maximale.
Plus loin dans le souk, le restaurant persan Parisa est un kaléidoscope de mosaïques en miroir, de vitraux et de lustres en cristal. Bien qu’il donne l’impression d’être indépendant, il est en fait géré par l’hôtel Ritz-Carlton de Doha, mais le lien avec l’entreprise n’enlève rien à son charme particulier et la nourriture est toujours excellente.
Une foule qatarie élégante se retrouve au Msheireb Downtown, et c’est un bon endroit pour ressentir l’effervescence et l’énergie de la ville moderne. Le restaurant sri-lankais contemporain Nourlaya est toujours plein à craquer, avec des tables qui débordent sur le trottoir à l’extérieur et des clients reconnaissants qui dégustent du masala à la moelle osseuse, du curry de crabe nageur bleu et des tacos de poulet paratha.
Au bord de la place Baraha de Msheireb, il y a toujours une queue pour les pastéis de nata fraîchement sortis du four chez Santa Nata. À quelques pas de là, à l’intérieur du M7, le nouveau centre de la mode, du design et de la technologie de Doha, le café Profiles est rempli de jeunes créatifs qui sirotent un fizz cascara et grignotent un gâteau au fromage basque avec un coulis de pétales de rose. Les pâtisseries de la boulangerie artisanale Rusk font partie de la légende locale, avec des combinaisons de saveurs inédites comme les danoises au poulet, au jalapeño et au ranch, et la focaccia au levain au za’atar et à la feta.
Et il y en a encore d’autres en route : Des établissements comme Beef Bar, La Petite Maison, Zuma, Nammos Beach Club et Billionaire ouvriront leurs portes dans la ville dans les mois à venir. Si la Coupe du monde de la FIFA n’est qu’un événement éphémère pour la ville, la scène gastronomique de Doha semble se préparer pour les années à venir.
